Assis sur le bord de son lit, Nathan trépignait d’impatience. Non pas parce qu’il attendait quelqu’un mais parce qu’il ne s’était pas encore décidé à sortir ou pas. Le stress de sa vie d’étudiant et la colère qu’il avait contre Elly et Chace lui pourrissaient la vie depuis quelques semaines et l’idée de rire un bon coup entre copains l’écœurait presque. Comme s’il avait voulu être amer pendant un certain temps encore… Il savait qu’une fête avait lieu chez les Omegas en ce moment même, étant invité, mais il ne souhaitait y aller. Son frère était parti depuis deux minutes à peine, en ayant marre de devoir attendre que Nathan se décide. Le rattraper ?

Le garçon se leva, salua son autre camarade de chambre, James, qui le regardait en coin depuis quelques instants, comme s’il l’interrogeait du regard sur ce qu’il allait faire. « Rester planter sur ce lit à gigoter de la jambe toute la soirée ou bouger pour de bon ? ». Bref, il quitta la chambre après s’être mis quelque chose sur le dos et descendit deux à deux les escaliers du bâtiment. A peine le pied posé à l’extérieur, il ne prit pas la direction du bâtiment des Omegas mais celui de la sortie du campus. Faire la fête était une très mauvaise idée.

Une fois les grandes portes en fer de l’université dépassées, Nathan sortit un paquet de cigarettes de sa poche et en alluma une. Après une longue bouffée, il reprit sa marche, sans trop savoir où aller. Il se dirigeait inconsciemment vers le centre-ville, probablement conduit par les bruits et l’agitation, mais il changea bien vite d'option. Une rue adjacente descendait vers un petit parc, souvent bien vide car il entourait un des cimetières de Cambridge.

S’y aventurant, le jeune homme eût l’impression de faire plusieurs fois le tour du parc sans s’arrêter pour autant. Il se posa enfin sur un banc, sûrement vide parce qu’il se trouvait pile devant l’entrée du cimetière et n’avait donc comme vue que les rangées de tombes. Drôle d’endroit mais c’était celui où il y avait le moins de monde.

Continuant de tirer sur sa cigarette, Nathan ne regardait rien en particulier, se contentant de jeter des simples coups d’œil autour de lui. Une clope ou deux et il repartirait vers le centre ville pour trouver de la compagnie. Autre que ses amis. Etrangement, après avoir été trahi d’une telle façon par quelqu’un comme Elly, il n’avait pas vraiment envie de fréquenter les gens de son entourage en ce moment.

Une silhouette ou une ombre peut-être se profilait devant lui. Elle semblait arrêtée devant une pierre tombale, probablement pour se recueillir. La nuit était noire. Seule le rouge de la cigarette de Nathan se distinguait vraiment. Il tira une dernière taffe et jeta le mégot par terre. Un froid glacial pour la saison lui faisait sortir maintenant de la bouche une toute autre fumée. Le jeune homme se leva et commença à se dirigea tout droit, vers le cimetière, sans trop savoir pourquoi…

Le temps se faisait de plus en plus froid à mesure que la soirée avançait. Alicia resserra son manteau contre elle, les yeux un peu perdu dans le vague. Elle qui avait espéré ne jamais être nostalgique de son passé, c'était raté! Mais qui ne l'aurait pas été sincèrement !? Elle avait eu une vie parfaite, sans la moindre embûche jusqu'à ses dix-sept ans. Ses parents la soutenait toujours, ses frères étaient toujours là pour l'écouter et elle avait de très bons amis sur qui elle savait qu'elle pouvait compter. à présent, tout ça était fini. Elle débarquait dans une nouvelle ville sans trop savoir où elle s'en allait. Tout ce qui lui restait était son appareil photos. Et disons qu'il est plutôt difficile de discuter avec un objet!

Au bout d'un moment, elle se releva du sol, commençant peu à peu à frissonner. Finalement, la tenue qu'elle avait mit n'était peut-être pas l'idéale! Surtout pour venir dans un cimetière lugubre. Elle toucha un dernière fois la tombe de son frère avant de commencer à faire demi-tour pour continuer sa ballade. Il devait sans aucun doute y avoir un endroit beaucoup plus intéressant qu'un cimetière! Pourtant, son coeur était tellement lourd qu'elle n'arrivait même pas à regarder vers où elle allait, se contentant de fixer ses pieds. De toute façon, elle était toute seule dans cet endroit. Personne ne risquait de la trouver bizarre voir glauque.

Personne !? À croire qu'elle se trompait! Rendue près de la porte, elle fut assez étonné de percuter quelqu'un. Elle ne pouvait pas discerner s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme à cause de la noirceur, mais elle avait bien vu qu'il ou qu'elle avait une clope à la main qui à cause d'elle était tombé par terre.



Elle figea instantanément sur place, attendant une réponse de la part de la personne se tenant en face d'elle. Il y avait peut-être des risque qu'elle se fasse crier dessus mais ça allait lui apprendre à regarder où elle marchait.

[Je suis impardonnable et intraitable au niveau du retard ]


Il ne lui fallut que quelques pas pour qu’un incident se passe. Nathan était quelqu’un de déjà assez maladroit. Ou du moins, il serait plus juste de dire qu’il était tellement souvent plongé dans ses pensées qu’il ne faisait pas toujours attention à ce qu’il faisait. Du coup, lorsqu’il percuta quelqu’un en entrant dans le cimetière, ce n’était pas vraiment étonnant…
Tandis que la personne qui lui était rentrée dedans s’excusait, Nathan n’écoutait que d’une oreille, plus occupé à faire passer sa quinte de toux : alors qu’il avait rallumé une cigarette, il n’avait pas eu le temps de recracher sa bouffée de fumée que l’inconnu(e) le percutait. Pris par surprise, la fumée dans sa gorge l’avait fait tousser et sa clope était… Quelque part par terre.

Lorsqu’il eut enfin la possibilité de parler, c'est-à-dire après quelques longs instants, il se racla une dernière fois la gorge avant de s’excuser à son tour :

- C’est moi qui m’excuse… Je ne faisais pas vraiment attention. C’est de ma faute.

Il ne fallait pas croire… Même s’il n’avait que très peu entendu ce que lui avait dit la personne en face de lui, il avait bien reconnu une voix féminine. Du coup, venant de lui, d’humeur maussade ou joyeuse, il n’en ratait pas une pour se montrer galant. Le sang des Eatson ne coulait vraiment pas par hasard dans ses veines… Il s'était donc mis le rôle du coupable dans ses paroles, même s'il était, en effet, en grande partie responsable.
En sachant très bien qu’il y avait peu de chance que la jeune fille voit quoique ce soit, il sourit tout de même suite à ses excuses, dessinant ses fossettes timides.

- Ce n’est pas vraiment un endroit où sortir un samedi soir… Sans vouloir être indiscret !

Nathan s’accroupit pour tenter de retrouver sa cigarette, dont on ne voyait même plus la cendre embrasée. Près du sol, la lune éclairait quelques peu les environs mais le jeune homme ne pouvait voir que les jambes de son interlocutrice et… Une flaque d’eau de la pluie de la veille dans laquelle barbotait sa cigarette. Nathan soupira et fit une moue perplexe. Il se retourna vers la jeune fille, dont il ne voyait toujours pas le visage dans l’obscurité mais pensait qu’elle pouvait le voir, et fit un sourire gêné.

- Tant pis, j’en prendrais une autre.

Il sortit son paquet qui dépassait de sa poche de manteau et se releva, avec déjà la cigarette en bouche et le briquet allumé. Il tendit son paquet par politesse, vers la silhouette de l'inconnue, ne pouvant voir à présent que ça. Pourtant, il était persuadé que s'il s'en approchait plus, il pourrait voir son visage. Mais en même temps, cela serait un peu étrange voire douteux de s'approcher ainsi d'une femme... Hum.

Que c’était de sa faute qu’il s’étouffe ? Nathan camoufla un rire en se passant la main devant la bouche. C’était surtout de sa faute à lui. En plus de ne pas faire attention à où il marchait, il était bien du genre à commettre des maladresses au point de s’étouffer ainsi… Même s’il avait alors un air un peu stupide et qui ne reflétait pas vraiment ce que toutes les étudiantes pensaient de lui. Au moins, si toutes ces filles voulaient le connaître, elles n’auraient qu’à traîner quelques instants avec lui pour se rendre compte qu’il n’a pas tant la classe que ça et qu’il est bien du genre à trébucher à mainte reprise dans la journée, à ne pas savoir contrôler ses pieds ou à avoir des comportements étranges… Non ! Nathan Eatson n’était pas du tout l’image que lui donnait les gens ! Il serait d’ailleurs nettement moins populaire s’il n’avait pas son physique, son charisme et son frère. Ah ! Ca le faisait bien rire cette histoire de popularité ! Il avait même entendu dire une fois qu’il passait, aux yeux de certaines admiratrices secrètes, pour un mec mystérieux et solitaire. Mystérieux en quoi ? A part cacher ses sentiments et quelques souvenirs, il était plutôt quelqu’un d’ouvert !

Il clôtura les excuses de chacun en ne répondant pas une nouvelle fois à la réplique de la jeune fille. A quoi bon dire encore une fois que c’était de sa faute si elle-même recommençait derrière ? En revanche, sa curiosité fut éveillée lorsqu’elle parla de visite d’un être cher. Elle connaissait donc quelqu’un enterré ici… Elle paraissait pourtant jeune, à entendre sa voix. Cependant, il était vrai qu’il n’y avait pas d’âge pour perdre quelqu’un de proche et que ça pouvait arriver à n’importe quel moment. Du moins, ça, Nathan se l’imaginait. Les seules personnes qu’il connaissait qui ont perdu la vie étaient son chien et une vieille voisine de quartier qui n’était presque jamais sortie pendant les 15 ans où elle et Nathan étaient encore là-bas, au Kansas. Et cette inconnue… Qui était-elle allée voir ? Un ami ? Un parent ? Une sœur ? Un cousin ?

*Mais ça va pas toi, pourquoi tu penses à tout ça alors que tu la connais même pas !*

- Vous habitez à Cambridge pour que qu’un proche y soit… Enterré ?, avait-il fini par dire, en coinçant malgré tout sur le dernier mort, qui paraissait très macabre dans une question aussi habituelle.

La jeune femme finit par prendre une cigarette et emprunter le briquet de Nathan. Si au moins la cigarette était un autre point commun que d’être seul à l’entrée d’un cimetière…
Fumant par grosses bouffées sa cigarette, c’est à dire comme d’habitude pour lui, il ne songea pas longtemps à se présenter. Elle-même venait de tendre la main et…

- ALIC…

Après ce haussement de voix de surprise, il s’arrêta en plein milieu pour ne pas paraître stupide et toussa par gêne. Des Alicia Walker il devait y en avoir des tonnes dans ce pays peuplé de dizaines de millions de femmes. Mais pourquoi le destin voudrait-il être aussi blessant à lui faire rencontrer une personne portant ce même nom ? Et puis déjà, était-ce une coïncidence ou non ? Il n’y avait plus qu’une solution pour en avoir le cœur net. Il serra sa main comme elle lui tendait depuis tout à l’heure et reprit son calme :

- Nathan… Eatson.

En voyant le jeune homme face à elle poser sa main sur ses lèvres, elle comprit rapidement que les excuses qu'elle avait reformuler était inutiles. Mais c'était tout simplement sortie comme ça, malgré elle. Il faut dire que depuis un moment, elle avait elle-même du mal à se reconnaître. Elle qui avait été autrefois un adolescente souriante et pleine de vie, elle paraissait à présent terne et toute triste. Elle se demandait même parfois si l'ancienne Alicia n'aurait pas honte de ce qu'elle était devenue aujourd'hui. En faite, elle n'aurait jamais songé à un tel revirement de situation dans sa vie. Mais bien des évènements avaient fait en sorte qu'elle perde toutes idées de bonheur : son déménagement du Kansas, la mort de son frère Noah... Tout ceci l'avait vraiment découragé de la vie typique Américaine.

Le garçon n'avait pas répondu à ses excuses renouvelées, ce qui la fit sourire légèrement. Se connaissant, elle aurait pu tout aussi bien échapper de nouvelles excuses qui l'auraient fait passer pour une parfaite idiote. Et disons que lorsqu'on rencontre pour la première fois quelqu'un dans une ville étrangère, on a plutôt envie de faire bonne impression! Il lui demanda, d'un ton mal à l'aise, si elle vivait à Cambridge, raison évidente qui l'aurait poussé à aller visiter quelqu'un qui serait enterré au cimetière. Si tout aurait été aussi simple, si le reste de sa famille proche était là aussi, peut-être que tout serait moins difficile! Mais ce n'était pas vraiment le cas et sa seule famille dans cette ville était Noah, mort depuis plus de deux ans. Baissant légère,ment la tête, elle lui répondit :



Elle avait presque dit cette dernière phrase pour elle-même. Le malaise la gagnait mais elle fit tout pour le combattre, prenant une seconde bouffée de sa cigarette. Après qu'elle ce fut présenter, son interlocuteur réagit d'une manière assez surprenante, murmurant d'un ton surprit les deux premières syllabes de son prénom d'un air étonné. Hésitant une seconde, il finit par prendre la main qu'elle lui tendait avant de dire à son tour son nom : Nathan Eatson! Bouche bée, Alicia ne savait plus exactement quoi dire, resserrant accidentellement la main du jeune homme. Elle le détailla de haut en bas rapidement malgré la noirceur, essayant par tout les moyens de voir ce doux visage qu'elle n'avait pas revu depuis si longtemps. Après quelques secondes de silence, elle demanda doucement, l'air euphorique :

Resserrant son long manteau noir près de lui, Nathan gigotait comme il pouvait pour se réchauffer, une fois sur la pointe des pieds, une autre fois à se passer une main dans les cheveux pour se décoiffer… Et dire que l’inconnue semblait avoir des habits encore plus légers. Il aurait bien prêté sa veste par galanterie mais peut-être était-ce trop prématuré pour quelqu’un qu’on rencontrait dans la rue, même si pour une fois il n’y avait pas d’arrière pensée derrière ce geste.

De plus, ce qu’elle racontait pouvait presque faire froid dans le dos. Ce n’était pas effrayant, non, mais ces paroles avaient quelque chose d’étrange. Perdre un frère… Il n’y avait jamais pensé auparavant, mais il savait que s’il devait perdre le sien un jour, sa vie ne serait plus jamais la même. Pas du point de vue popularité, évidemment, Nathan n’était pas assez superficiel et égoïste pour penser à ça. Mais son frère était quelqu’un d’imposant. Si on le laissait entrer dans notre vie, on ne pouvait plus lui en faire sortir ou le cacher derrière quelque chose d’autre. Imposant, mais aussi un pilier très important dans toute son adolescence. Gaël était un aîné un peu spécial, dans le genre arrogant et moqueur, mais on ne pouvait certainement pas avoir meilleur frère que lui.

- Je suis désolé…

Ce fut les seules paroles qu’il réussit à dire à la suite de cette confession mais c’était exactement ce qu’il pensait, aussi clairement que sa phrase était simple.

Lorsqu’il eût sa main dans celle d’Alicia, il crut sentir une chaleur familière. Il se persuada alors que c’était un effet de son imagination, avec cette petite voix qui lui disait que c’était peut-être LA Alicia. Cependant, quand il se fut présenté à son tour, le doute n’y était plus. Il avait senti que la main de la jeune femme se resserrait dans la sienne à l’annonce de son nom. Et puis… Elle lui demanda. Cette voix ! Comment n’avait-il pas pu la reconnaître avant ? Était-ce après avoir entendu des centaines de voix différentes voire des milliers, à travers ces trois années dans la grande université, qu’il n’était plus capable de reconnaître celle qui l’avait accompagné pendant dix-sept années de sa vie ?

- Oui.

Cette réponse, courte et un peu froide, était sortie de sa bouche sans qu’il le veuille. Étrangement, lorsqu’il avait eu la confirmation qu’il s’agissait bien d’Alicia, il avait senti que quelque chose s’agrippait à son cœur, mais de manière affectueuse, pour le réconforter. Mais il avait suffit de quelques instants de plus pour que cette étreinte se resserre un peu plus jusqu’à lui faire mal. Nathan s’était alors tenu droit comme un piquet et n’avait plus fait un mouvement.
Ce sentiment, ce n’était pas envers Alicia, loin de là, mais il avait souvent pensé que si un jour, aussi invraisemblable que ça paraissait alors, il la revoyait, il ne saurait pas quoi faire. Et c’était exactement ce qu’il se passait alors.
Ils s’étaient séparés, tous les deux incroyablement amoureux et quelques années plus tard… Et surtout des tas de petites amies plus tard pour lui, ils se revoyaient… C’était fou, ce qui arrivait soudainement. Tout ce qu’il avait construit depuis toutes ces années pour faire disparaître ses sentiments s’écroulait en l’espace de quelques secondes.

L'air froid devenait de plus en plus insoutenable et le fidèle manteau d'Alicia lui faisait quasiment croire qu'il n'était plus suffisamment chaud pour la saison. En Europe, l'air était beaucoup moins froid. La jeune femme ne s'était donc pas vraiment attendue à une telle température. Même au Kansas, où la météo était assez changeante, passant d'une canicule incroyable à une chute d'eau incroyable, ce n'était pas comparable. Mais enfin, elle saurait à l'avenir qu'elle devrait se vêtir un peu mieux.

Après qu'elle lui est raconté sa triste histoire sur la mort de son frère, elle sentie un certain malaise de la part du jeune homme. Il était vrai que raconter une chose pareil à un parfait étranger n'était pas vraiment la chose à faire. Mais étrangement, elle se sentait incroyablement en confiance, comme si ils s'étaient déjà croisés dans une autre vie ou quelque chose du genre. Et s'en libérer un peu ne lui avait certainement pas fait tord. Depuis son arrivée dans cette ville qu'elle gardait le tragique destin de Noah pour elle toute seule. C'était devenu beaucoup trop lourd à la longue! Oui, elle avait toujours son autre frère, Pascal, qu'elle adorait aussi. Mais rien n'y personne ne pouvait remplacer ce frère disparu depuis plus de deux ans. Le jeune homme lui prononça des paroles d'excuses qui la firent sourire légèrement.



C'est tout ce qui réussit à sortir de sa bouche après les parole du garçon. En fait, elle savait que si elle en parlait trop elle éclaterait en sanglots. Elle disons qu'elle n'en avait pas vraiment envie pour le moment. Mais tout de même, la compassion qu'elle venait de recevoir la touchait au plus haut point. C'était la première qu'elle recevait depuis son arrivée à Cambridge.

Après cette révélation choc au sujet du nom de son interlocuteur, la seconde qui avait séparé sa propre réplique et celle de Nathan lui avait semblée interminable. Mais la réponse dit tout : C'était LUI! Étrangement, le ton de voix du jeune homme avait été légèrement froid dans son intonation. Mais c'est par ce fait qu'Alicia se rendit compte combien elle avait été idiote de ne pas reconnaître cette voix avant. Cette voix qui l'avait accompagnée depuis dix-sept ans. Instantanément, le froid qu'elle avait ressentie un peu plus tôt se dissipa pour laisser place à une chaleur, à un bonheur indicipable. Mais dû à la noirceur, elle n'arrivait pas à distinguer son visage. Elle ne savait pas si il souriait ou non. Tellement de chose c'étaient passé depuis leur séparation, et peut-être que Nathan avaient quelqu'un d'autre dans sa vie, à présent. Jetant un léger regard derrière elle, elle distingua au loin la forme de la pierre tombale de Noah et se souvint la demande qu'elle lui avait fait un peu plus tôt. Réalisant l'évènement qui venait de se passer, elle porta instantanément sa main libre à ses lèvres avant d'éclater en sanglots. Des pleurs de joie ??? Sûr et certain!

Pire que tout, la chaleur qui avait traversé son corps comme un éclair en la reconnaissant, partait aussi rapidement. L’air glacé l’engourdissait de nouveau. Toujours aussi droit et immobile, il sentait peu à peu sa main se refroidir tandis qu’il avait l’impression que celle d’Alicia dans la sienne, se réchauffait de plus en plus. Que faisait-il ? Pourquoi ne réagissait-il pas ? Nathan ferma les yeux, pour reprendre une inspiration et réfléchir calmement, quitte à prolonger ce silence.
Silence qui fut bientôt brisé par des sanglots, ceux d’Alicia. Il rouvrit les yeux précipitamment pour voir sa silhouette sombre, gigotée par ses pleurs. Etait-ce son comportement si froid qui la faisait pleurer ? Ou… Tout bien réfléchi…

*Son frère est mort ?*

Nathan avait connu les frères d’Alicia et les avait toujours appréciés. Un des deux était décédé ? Ce n’était pas possible… Mais ce n’était pas le moment d’y penser. Il devait réagir.

Par des gestes maladroits, il lâcha sa main et lui passa un bras autour des épaules. Il avait compris. Ses sanglots n’avaient rien à voir avec de la tristesse mais au contraire, de la joie. Il caressa le bras de la jeune fille du bout de ses doigts, plus amical qu’amoureux. Son sourire revint enfin.

- J’me sens idiot… Je ne sais même pas quoi te dire !

Il commença à marcher, toujours son bras entourant Alicia, l’entraînant alors avec lui. Il voulait arriver à un endroit éclairé, il voulait la revoir, vraiment. Distinguer ses traits, son sourire, voir ses yeux briller, ses formes, l’admirer seulement même quelques instants, pour lui rappeler tout ça, tous ses souvenirs qui étaient devenus presque flous au bout de quatre années. Ce qui lui restait d’elle était seulement quelques objets et ses cassettes… Ah… Ses cassettes ! Il y a un mois à peine, il en avait encore regardé une où lui et Alicia étaient filmés, alors qu’il était en couple, avec une étudiante de sa fraternité à ce moment là. Pitoyable…

La ville et ses lumières étaient bientôt visibles. Encore quelques mètres et ils pourraient apercevoir le portail du petit parc où il se trouvait et qui entourait ce lugubre cimetière. Son battement de cœur accélérait depuis quelques instants.
Cependant et étrangement, Nathan s’arrêta en pleine marche, bien avant d’être éclairé par un des indénombrables réverbères de la ville. Il y avait un banc, là, juste à côté d’eux. Ils pourraient s’y asseoir lorsque l’envie leur prendrait. Il relâcha son étreinte et se remit en face d’Alicia, souriant juste en coin, ce qui accentuait sa fossette due à sa cicatrice, et qui était si familière pour les gens qui le connaissaient. Ici, finalement c’était très bien. Ils étaient juste assez éclairés pour pouvoir distinguer leurs visages et il n’y avait pas toute la foule de Cambridge pour les déranger et commettre des indiscrétions.

Mais comment un tel miracle pouvait-il être possible ??? Comment, par le plus heureux des hasards, avaient-ils pu se retrouver, quatre ans après leur séparation, dans la même ville ??? C'était presque inimaginable, mais c'était pourtant vrai. Le silence s'installa durent quelques bonnes minutes, un silence lourd qui rendait Alicia légèrement mal à l'aise. En faite, elle ne savait pas si Nathan était aussi heureux qu'elle de la revoir. Après tout, tout avait changé depuis son départ du Kansas. Le jeune homme avait sans aucun doute refait sa vie, l'effaçant définitivement du tableau. Cette pensée la blessa mais elle essaya rapidement de la chasser de sa tête. Elle ne pouvait tout de même pas commencer à supposer des choses que Nathan n'avait pas encore dit!

La jeune femme brisa le silence par ses sanglots. Ce fait sembla d'ailleurs rendre Nathan légèrement mal à l'aise puisqu'il sortit instantanément de ses pensées profondes. Ces pensées qu'Alicia n'arrivait pas vraiment à déchiffrer. Il lâcha sa main pour passer un bras autour de ses épaules, caressant légèrement son bras pour la rassurer. Soudainement, il lui parla à nouveau, lui disant n'avoir aucun mots lui venant à l'esprit en ce moment. Alicia, tant qu'à elle, ne répondit rien, faisant simplement un léger signe de tête pour acquiescer. Ils commencèrent alors à marcher vers l'extérieur du cimetière. À ce moment, le coeur de la jeune femme commença à battre extrêmement vite. Parce qu'une fois près d'un lampadaire, elle allait le revoir. Elle allait voir à nouveau son visage qu'elle n'avait plus eu la chance de voir depuis bien longtemps maintenant, son sourire merveilleux qui lui creusait à chaque fois d'adorables fossettes dans les joues. Tout ces souvenirs lui revenaient en mémoire, la rendant à la fois heureuse et mal à l'aise.

Une fois tout près du portail, Nathan s'arrêta soudainement, la tenant toujours par les épaules. Elle regarda les alentours puis vit un petit banc, un peu plus loin, ce qui allait leur permettre de s'asseoir en cas de besoin. Ce fait la fit sourire légèrement. À son tour, elle se retourna vers Nathan après qu'il l'eut relâcher. Elle remarqua alors que les lumières n'étaient pas terriblement claires, mais leurs permettaient tout de même de se voir. Elle pu distinguer un sourire sur le visage de son bon ami qu'elle lui rendit à son tour. Il n'avait presque pas changé depuis l'époque de leur séparation. Elle se doutait qu'elle par contre devait être différente. Depuis la mort de Noah, elle avait terriblement maigrie et semblait beaucoup plus pâle que depuis son adolescence.

Aux yeux de Nathan, Alicia avait énormément changé. Malgré qu’elle gardait bien les traits du visage qu’il connaissait tant, il n’était pas sûr qu’il aurait été capable de la reconnaître pour autant s’il l’avait croisée. Sa maigreur se dessinait sur ses joues et ce contraste de la lumière du réverbère un peu plus loin avec l’ombre de la nuit semblait encore plus accentuer la pâleur de son teint. Etait-ce son frère décédé qui l’avait rendue comme ça ? Il n’osait lui demander plus de précision sur le sujet alors qu’elle pleurait déjà. Maintenant qu’ils s’étaient retrouvés, ils auraient certainement tout le temps de parler. Du moins, il espérait en avoir le courage…
Il continua à l’observer quelques instants encore, cherchant un maximum à retrouver des souvenirs à partir d’un sourire ou d’une mimique. Alicia faisait plus mûre qu’il y a quatre ans. Plus adulte tout simplement. Le froid lui faisait, à elle aussi, sortir un petit nuage de fumée. Elle restait belle mais il était sûr qu’elle pourrait l’être encore plus.

Après cette longue observation, une pensée lui surgit alors. Et lui ? A quoi ressemblait-il ? Il devait paraître ne pas avoir changé. Il se rappelait à présent qu’il était parti les cheveux en pétard, comme il faisait quand il était adolescent, et n’avait pas du tout fait attention à ce qu’il portait. Le seul petit point vraiment visible était peut-être sa barbe de trois jours, d’avoir eu la flemme de se raser, et qu’il avait bien pris encore dix centimètres.

- Toi aussi tu m’as manqué… Ali.

Dans les films, n’importe qui se serait attendu à ce qu’il prenne Alicia dans ses bras mais il en fut incapable. L’envie de poser simplement sa main sur son visage l’obnubilait quoique toute bonne fin de film aurait rendu ce geste bénéfique. Cependant, venant de sa part, il trouvait ça vraiment déplacé. Après tout ce qu’il avait eu et fait toutes ces années. Et qu’est-ce qui lui disait qu’à présent, elle, elle n’était pas dans une relation ? Et surtout qu’elle avait encore des sentiments pour lui… Il se coupa donc dans son élan et pour rattraper l’avancée soudaine de sa main, il improvisa en lui désignant le banc à leur côté :

- Tu veux t’asseoir ?

C’était tout juste s’il ne priait pas qu’elle n’ait pas vu ce geste venir et surtout le reconnaître. Il s’en voulait tellement d’avoir de telles pensées alors qu’il avait eu d’autres relations depuis, certaines étant vraiment amoureuses. Et en quelque sorte il en voulait aussi à Alicia, même si ce n’était pas de sa faute si elle était partie et qu’elle venait de faire une faille dans le mur qu’il avait construit entre la personne qu’il était aujourd’hui et les sentiments qu’il avait autrefois.

- Tout à l’heure, tu as dis que… Tu étais élève à Harvard, percuta-t-il seulement maintenant.

La jeune Walker fut heureuse d'entendre qu'elle lui avait manquée elle aussi. Non pas qu'elle fut certaine qu'il ne lui est pas dit cette pensée simplement pour lui faire plaisir, mais juste cette parole l'avait rendue extrêmement heureuse. Quatre longues années séparés l'un de l'autre, ça faisait un sacré bout de temps. Elle savait qu'elle avait terriblement changée d'ailleurs. Mais Nathan, lui, semblait être resté figé dans sa si douce perfection, comme si sa beauté n'allait jamais se faner. Cette pensée avait d'ailleurs donnée une terrible envie à Alicia de poser ses lèvres sur les siennes, l'espace d'une seconde, mais elle ne savait tout bonnement pas si il n'avait pas quelqu'un dans sa vie à ce moment-là et l'idée de détruire le bonheur de son vieil ami d'enfance ne l'aurait certainement pas rendue plus heureuse, au contraire! Le seul trait qui avait changé chez le jeune homme était le fait que sa barbe avait légèrement poussée, probablement dû au fait qu'il ne l'avait pas rasé depuis quelques jours. Elle se contenta simplement de lui sourire à nouveau en réponse à sa première parole. Il l'avait appelée Ali, un surnom qu'elle n'avait pas entendue depuis quatre ans déjà. Effectivement, aucun de ses autres amis ne l'appelaient par autre chose que son prénom. C'était bon de le réentendre à nouveau.

Nathan avait semblé approcher une main de son visage mais l'avait rapidement dégager pour la placer en direction d'un banc. Alicia se dit alors qu'elle avait tout bonnement imaginé ce geste. Pourquoi aurait-il continué à penser à elle après quatre ans après tout !? Et maintenant qu'il la voyait, il ne devait certainement pas la trouver présentable! Elle qui autrefois avait de longs cheveux d'un blonds impeccables et une mine parfaitement saine, elle paraissait maintenant bien palôte. Il lui demanda si elle désirait s'asseoir, ce à quoi elle mit quelques secondes à répondre alors qu'elle sortait de ses pensées.




Ils se dirigèrent tout deux en direction du banc avant de s'y asseoir. Alicia baissa la tête quelques instants avant de la relever en entendant Nathan lui parler à nouveau. Il lui demandait si elle avait effectivement dit qu'elle s'était inscrite à Harvarde. Souriant légèrement à nouveau, elle lui répondit.



Elle jeta un regard au loin.




Elle esquissa à nouveau un léger sourire pour signifier que tout allait bien avant de reprendre.

Ils allèrent donc s’installer sur le blanc, où Nathan s’assit sur le dossier en lui-même. Se retrouver dans cette situation lui rappelait un bon nombre de souvenirs d’Alicia et lui lors de leur adolescence. Combien de fois s’étaient-ils retrouvés assis ainsi côte à côte, sur un banc semblable, dans un parc de leur ville d’origine ?
Il y avait bien quelque chose qui manquait… Où étaient les rires ? Les regards langoureux ? Et les longues conversations ? Ici, on ne trouvait que des sourires timides, des gestes fuyants et un long silence entre chaque chose dite. Il fallait avouer que ça n’avait rien d’évident de faire la conversation… Après ces quatre années par quoi fallait-il commencer ? D’autant plus que leur rencontre avait été quelque peu étrange pour des retrouvailles.

De savoir qu’elle était également inscrite à Harvard et de plus, dans la même section que lui, produisit un léger pincement au cœur de Nathan. Certes, ils allaient se voir plus souvent à présent mais ça en devenait un problème… Reprendre subitement l’habitude de se voir risquait d’être difficile. D’autant plus que toutes les distances qu’il avait prises pour oublier Alicia venaient de se briser. Il ne supporterait certainement pas se retrouver dans cette situation à chaque fois qu’il était à ses côtés : contrôler ses « pulsions affectives » était plus facile à dire qu’à faire.

- Oui, je suis dans la même section. Enfin, c’est certainement pas trop difficile de deviner que je suis dans les arts…

Il se mit à rire, sans l’avoir voulu, plus du fait d’être mal à l’aise qu’autre chose. Il ébouriffa ses cheveux, histoire de cacher ce qu’il venait de faire. Une nouvelle fois, parler de quelque chose comme sa passion pour le cinéma à Alicia lui ramenait trop d’images en tête.

- Tu as dû laisser des gens derrière toi, en Europe, non ? Enfin… Hormis ta famille…

Nathan avait posé cette question afin de savoir si elle avait un petit ami resté en Europe – ou alors qui l’avait suivie ? –. Il avait voulu se montrer subtil sur ce coup-là mais en fin de compte, peut-être que ça ne l’était pas tant que ça…

Lourd : voilà comment on pouvait qualifier le silence qui pesait entre eux. Autrefois, ils passaient leur temps à discuter de tout et de rien, à rire et à s'amuser. Et même lorsqu'ils qu'ils gardaient le silence, un simple regard de l'un d'eux pouvait parler à l'autre. À présent, il planait un grand malaise entre eux, ce qui rendit Alicia extrêmement triste. Elle avait toujours cru que si un jour ils se revoyaient, ils auraient une multitude de choses à ce dire. Mais hélas, ce n'était pas vraiment le cas. Oui, tout pleins de choses leur étaient arrivés depuis leur séparation. Mais c'était sûrement ses choses inconnus de l'autre qui rendaient leur discution si lourde.

Nathan lui dit qu'il était aussi en art, chose pas très étonnante. à première vue, il était toujours un grand fan de cinéma. Cette pensée fit sourire grandement Alicia. Peut-être n'avait-il pas tant changé finalement.




Elle lui sourit à nouveau avant d'écouter sa question au sujet de sa vie en Europe. Il lui avait demandé si elle avait laissé beaucoup de personnes là-bas, mis à part sa famille bien sûr. Elle lui sourit à nouveau avant de lui répondre :




Elle fixa le sol pendant quelques instants avant de relever les yeux vers Nathan.



Cette question lui déchira quelque peu le coeur. La simple idée de se dire que peut-être avait-il une petite amie à ce moment même sembler poser contre son crâne et sa poitrine une roche incroyablement lourde. L'idée qu'il est déjà poser ses lèvres contre celles d'une autre fille la rendait carrément malade. Elle tenta quand même de cacher se tristesse derrière un léger sourire.

Nathan regrettait de ne plus serrer Alicia dans ses bras. Il savait que s’il le faisait, en plus de lutter contre le « froid ardent » de cette nuit, il se reproduirait cette chaleur intérieure, si familière, qui lui donnait l’impression de revenir au Kansas. A partir du moment où la jeune fille avait déménagé, il ne s’était plus senti chez lui, cette absence lui pesant bien trop. Il lui suffisait de faire un tour de pâté de maisons pour se souvenir de souvenirs d’Alicia pour chaque endroit. Elle lui avait manqué en tant que personne aimée… Mais aussi en tant qu’amie.

S’il avait perdu cet amour, quand était-il de leur amitié ? Nathan espérait bien la retrouver rapidement et que le malaise entre lui et Alicia ne dure pas. Il aurait voulu alors également que ses envies d’attraper Alicia et de l’embrasser ne soient que l’effet de leurs retrouvailles. Du moins, pour le moment…

- Je ne crois pas pouvoir me séparer de ma caméra… Comme toi de ton appareil.

Tous les deux avaient tant utilisé leur passion en mettant l’un ou l’autre devant l’objectif que cela fit sourire Nathan. Les gens ne changeaient jamais vraiment totalement, qu’ils le veuillent ou non.

Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire – pour ne pas soupirer – lorsqu’elle lui dit qu’elle ne s’était pas particulièrement attachée à quelqu’un en Europe. Cela voulait donc dire, « pas d’amoureux qui lui ferait obstacle ». Il reprit immédiatement son sérieux suite à cette pensée. Ca n’allait pas ou quoi ?! C’était comme s’il avait le projet de sortir de nouveau avec Alicia alors qu’il n’avait pas encore réfléchi sur les sentiments qu’il lui restait.

- Oh oui… Enfin, à vrai dire, plus de gens ne me connaissent que je ne connais les gens.

Malheureusement pour Alicia, lui n’avait pas compris l’insinuation dans la question. Il avait cru qu’elle lui demandait ça juste pour savoir s’il s’était bien intégré. Mieux valait pour lui, en fait, qu’il n’ait pas compris… Toutes ses conquêtes de l’université n’étaient pas une fierté.. En effet, oui ! Il s’était bien intégré !

- Si tu veux, je te présenterai à des amis. Je suis sûr qu’Ellen t’appréciera !

Alerte rouge ! Il venait de dire exactement ce qu’il ne fallait pas pour rassurer la jeune femme. Celle-ci ne pouvait aucunement deviner qu’Ellen était simplement sa meilleure amie et pas plus !

- En fait… Tu es dans une fraternité ?

Etant donné qu’il ne s’était pas rendu compte de sa bourde, il avait naturellement continué la conversation.
Le sujet des confréries se posait car aux yeux de Nathan, c’était un bon moyen de se faire bien voir dans le campus. Et comme toutes les élèves ne faisaient pas partie d’un, il pouvait toujours demander à Gaël et Adrien l’intégration d’Alicia. Ah ! Si seulement il savait qu’elle faisait déjà partie des Kappas sans que les frères Eatson ne soient au courant !

La jeune femme lui sourit suite à cette parole. En effet, si elle n'avait pas eu son appareil en Europe, elle n'aurait tout simplement pas su survivre. Non seulement son départ du Kansas l'avait rendu terriblement malheureuse, mais en plus, elle n'avait jamais réussi à s'intégrer. Elle avait passé le plus clair de son temps à prendre des photos de paysages, comme elle adorait le faire depuis qu'elle savait tenir un appareil dans ses mains. La nostalgie de quelques anciennes photos trouvés quelques mois plus tôt lui revint. En faisant le ménage de ses choses à apporter à Harvarde et celle à jeter, elle avait retrouvé quelques clichés de Nathan qu'elle avait prit, lors de leur dernier été ensemble. Il était dur de croire que tout avait changé tout en restant identiques. Jamais elle n'aurait crue le revoir à Harvarde. Et pourtant, c'était vrai.

En entendant la réponse à sa question, elle ne pue s'empêcher qu'esquisser un léger sourire en coin. À vrai dire, il ne semblait pas vraiment avoir comprit l'allusion de sa question. Résultat !? Elle ne savait toujours pas si il avait quelqu'un dans sa vie présentement. Mais sa seconde réplique lui effaça rapidement le sourire du visage, la laissant vide de toute expression. Ellen !? Mais qui était donc Ellen ??? Alicia ne le savait pas et ce fait l'énervait au plus haut point. Jalouse !? Oui, elle devait l'avouer! S'efforçant de sourire, elle lui dit doucement :


Ces mots dans sa bouche lui donnèrent l'impression de s'être elle-même poignardée. Elle se doutait bien qu'il aurait refait sa vie. Mais elle avait tout de même osée espérer. Résultat : elle s'était fait elle-même du mal. Cependant, elle refusait de le montrer. Elle fut tirée de ses pensées et entendant Nathan lui demander si elle faisait partie d'un fraternité en particulier. Souriant à nouveau, elle lui répondit :

Elle lui sourit à nouveau tout en se mordillant nerveusement la lèvre inférieur.

Nathan se moquait presque de cette sorte de timidité inhabituelle chez lui qui le prenait. Il sentait contre sa main le frôlement de l’épaule d’Alicia. Son esprit lui disait de glisser le long de son bras pour croiser ses doigts dans les siens mais physiquement, il y avait un vrai blocage. S’il lui faisait quoique ce soit, il gagnait et perdait. Rien qu’en prenant s main et si elle y consentait, ils pourraient éventuellement reprendre un bout de leur histoire mais Nathan aurait des remords : ce ne serait qu’un geste prématuré, sans avoir réfléchi sur ses sentiments avant. Cependant, en le rejetant, il continuerait sa vie comme elle avait toujours été à l’université mais il perdrait tout d’Alicia. Les souvenirs étaient beaux mais ça ne valait pas la présence d’une personne. Ne rien était donc peut-être plus sage.

Soupirant, le jeune homme s’appuya sur ses mains et se frotta le visage. Cette retrouvaille, combien de fois en avait-il rêvé ? Et comment avait-il pu idéaliser autant ce moment ? Ca n’avait rien à voir avec ce qu’il avait espéré… Leurs dernières semaines ensemble avaient été magnifiques et ne laissaient aucun doute de l’amour qu’il y avait alors entre eux. Toutes ces images ne cessaient de passer dans sa tête, même lorsqu’il répondait à Alicia. Cependant, tous ces rouages se bloquèrent lorsqu’il entendit le terme « petite amie ». Il ne put s’empêcher d’exploser de rire.

- Ellen ? Ma petite amie ?! Non… C’est une très bonne amie !

« Très bonne amie » n’était pas forcément très explicite. Cette expression était parfois utilisée pour expliquer une relation un peu plus qu’amicale, il le savait. Mais Nathan n’avait jamais imaginé quelque chose avec Ellen. Peut-être parce que leur rencontre n’avait aucunement mis en évidence la jeune fille.
Il hallucinait de savoir qu’elle appartenait à as fraternité. Généralement, il faisait partie de ceux que l’on concertait pour choisir le sort de quelqu’un qui pourrait entrer chez les Kappas. Est-ce que Gael voulait lui faire une surprise ? Ou avait-il été assez saoul pour ne pas faire le rapprochement avec LA Alicia Walker ? Ou bien, peut-être était-ce Adrien qui avait géré ça tout seul.. .Dans tous les cas, ce soir, il accumulait les coïncidences. Rares étaient les fois où il n’avait pas été au courant des nouveaux membres de sa confrérie.

- Eh bien… Je suis aussi chez les Kappas… Et j’ai un peu de mal à me dire que je ne suis pas au courant de ton arrivée

S’il était question de l’éviter, ça risquait d’être plus dur à présent. C’était un peu étrange d’avoir des pensées pareilles mais il savait qu’il aurait du mal à la revoir trop souvent, pour l’instant.

- Tu as pu au moins assister à une des « fêtes du siècle » de Gaël ? Il y en avait une hier soir…

De son côté, il n’y était pas allé. Il sautait presque toutes les fêtes de son frère, par lassitude ou parce qu’il avait d’autres invitations.

Ce malaise, Alicia ne pouvait presque plus le supporter. Eux qui avait été autres fois si proches, qui s'étaient confiés leurs secrets les plus intimes et qui étaient absolument inséparables, voilà qu'ils avaient du mal à aligner deux mots de cohérents face à l'autre. Le départ d'Alicia du Kansas leur avait brisé le coeur à tout les deux, jamais la jeune fille ne se serait imaginé capable de survivre sans lui. D'ailleurs, sa vie n'avait été qu'un immense troue noir depuis que son père avait obtenu cette emploi : elle avait perdue tout ceux à qui elle tenait durant sa jeunesse, son frère était mort, et toute sa joie de vivre semblait bien s'être évaporée pour toujours. Logiquement, au premier instant où elle avait revu Nathan elle aurait due être folle de joie, se jeter à son cou, quelque chose du genre! Mais non! Elle restait là, assise à ses côtés et mal à l'aise comme elle ne l'avait jamais été.

Le jeune homme lui dit, rigolant sans gêne, que cette fameuse Ellen n'était pas sa petite-amie mais une très bonne amie. Une très bonne amie !? C'était à se poser des questions ça! Mais la jeune fille ne dit rien. La vie de Nathan ne la regardait plus vraiment. Il avait le droit de fréquenter d'autres filles. Cette pensée lui brisa carrément le coeur. Elle se doutait vraiment qu'il avait dû fréquenter d'autres jeunes femmes depuis leur histoire, c'était évidant! D'après ce qu'elle voyait à travers l'obcuritée qui était éclairée par un lampadaire, le jeune homme était encore plus séduisant qu'avant, si c'était possible. Comment une autre fille aurait-elle pu passer à côté sans le voir !? Elle lui fit un léger sourire à sa réponse.


Ils commencèrent à parler vaguement des fraternités, la jeune femme lui annonçant qu'elle était chez les Kappa. Nathan poursuivi en lui avouant y être aussi et être étonné qu'elle se soit retrouvé là elle aussi. Alicia aquièça en silence, un peu mal à l'aise. Se pourrait-il qu'il soit déçu d'apprendre que non seulement elle serait dans la même Université que lui, mais qu'en plus, elle serait dans la même confrérie ??? Il valait mieux en avoir le coeur net.


Elle lui sourit à nouveau, son sourire s'agrandissant lorsque Nathan fit mention des fêtes organisées par Gael. À première vue, le frère aîné du jeune homme n'avait pas changé, portant toujours la fête dans le sang. Elle se sentait aussi plutôt heureuse d'avoir de ses nouvelles, ne l'ayant pas revue non plus depuis son départ.


Elle lui sourit à nouveau nerveusement, serrant et desserrant ses doigts avec stress. Elle sentait toujours la main de Nathan posé sur son épaule, osant à peine bouger, et l'envie d'emmêler ses doigts avec les siens la démangeait terriblement. Elle se retint tout de même, ne sachant toujours pas à quoi s'en tenir avec le jeune homme qui avait sans aucun doute le plus marqué sa vie.

Si. Ca la regardait de savoir ses sentiments par rapport à Ellen. Du moins, c’était important pour Nathan qu’ils se mettent d’accord là-dessus. Si trop peu de ses « conquêtes » des trois dernières années avaient abouti à une relation, Alicia en était bien la cause. Ses premières petites amies avaient été une vraie torture. A chaque fois que quelqu’un lui demandait comment allait le couple qu’il formait avec cette fille ou cette autre, Nathan avait toujours eu en première image Alicia, au lieu de la petite amie en question. Et autant ne pas préciser à qui il pensait lorsqu’il avait embrassé ces filles.

Il fut étonné de la question de la jeune femme. Déçu ? Peut-être l’était-il, mais il était surtout paniqué. Parce qu’il se sentait faible face à elle et que l’idée de la revoir et qu’elle pouvait le mettre de nouveau dans cet état-là l’effrayait, en quelque sorte. Et s’il devait être déçu de leur retrouvaille, cela serait uniquement parce qu’il n’était pas prêt à lui offrir ce qu’elle méritait.
Il sentit en lui un certain attendrissement suite à cette réaction. Ses yeux pétillèrent à la vue d’Alicia qui s’inquiétait pour quelque chose comme ça.


- Comment est-ce que je pourrais être déçu ?

Nathan en oublia les limites qu’il venait de se fixer. Tant pis, un certaine détermination venait de revenir en lui. Il espérait qu’elle ne repartirait pas aussi vite qu’elle était venue. Nathan écouta avec un sourire ce qu’Alicia disait mais il était surtout occupé par ses idées qui commençaient à se remettre en place : il était hors de question de perdre du temps à hésiter. Oui, s’il pouvait et s’il retenait ses envies, il éviterait de se rapprocher « trop » d’elle, mais était-ce une raison de gâcher tout ce qu’ils avaient derrière eux ? Peut-être était-ce contact avec l’épaule de l’étudiante qui lui fit pousser des ailes mais le jeune homme quitta d’un bon le dossier du banc. Frigorifié, il agita quelques secondes ses mains en regardant Alicia, toujours assise de son côté. L’ayant pas surprise, il lui attrapa soudainement la main.

- Viens, je voudrais te montrer quelque chose.

Une nouvelle limite venait d’être franchie par cette main prise, bien que ce n’était qu’une invitation à le suivre. Est-ce que de simples amis pouvaient se comporter comme ça ? Probablement, malgré qu’il ne soit pas sûr, au fond de lui, de ne vouloir que de l’amitié. Cependant, comme un grand gamin, il était content de l’idée qu’il venait d’avoir et il avait oublié que certains actes avaient des conséquences.

Nathan lui avait affirmé qu'Ellen n'était qu'une simple amie. Pourtant, Alicia n'arrivait tout simplement pas à se sentir rassuré. Mais au sujet de la bonne amie de Nathan, mais plutôt de toutes ces autres filles. Plus elle regardait son ''ancien'' petit-ami, et plus elle réalisait quel homme superbe il était devenu. Il était absolument impossible qu'il n'est pas eu d'autres conquêtes depuis leur histoire. Et cette pensée ne faisait que la blesser encore plus. Pendant son absence, elle n'avait jamais réussi à effacer son visage de sa mémoire. Elle aurait tout donné pour qu'il en soit ainsi de Nathan aussi. Mais hélas, ça ne devait pas être le cas.

La jeune femme fut assez étonnée de la réponse de Nathan après qu'elle lui ait demandé si il était déçu de la voir dans les Kappa, comme lui. À vrai dire, il y avait pleins de raisons pour laquelle il pourrait être déçu. Avec un léger sourire forcé, elle dit :


Son univers !? Autre fois, c'était leur couple qui était tout leur univers! Leur séparation avait été déchirante et pendant un très long moment, Alicia s'était demandé si elle arriverait à survivre à un tel évènement. Petit à petit, les choses s'étaient aggravées et elle s'était finalement retrouvé ici, à Harvarde. Et maintenant, elle le retrouvait, comme un second espoir. C'était presque trop beau pour être vrai. Elle attendait même une très mauvaise surprise au tournant.

Mais il n'en vint pas. Cependant, la belle blonde resta tout de même surprise en voyant Nathan se lever d'un bond du banc et de secouer ses mains probablement frigorifiées. Il attrapa rapidement sa main, lui disant avoir quelque chose à lui montrer. Surprise, Alicia resta figée l'espace de quelques instants. Sa main dans la sienne la rendire à la fois folle de joie et terriblement nerveuse. Elle avait l'impression de remonter quelques années plus tôt, alors que son bonheur était toujours à son comble. Revenant à la réalité, elle sourit grandement à Nathan.


Elle se releva à son tour du banc, se laissant guider par le jeune homme.

« Parce que je débarque ainsi dans ta vie sans crier gare et que je m’infiltre totalement dans ton univers… ». Elle n’avait pas tort là-dessus. C’était certainement un vrai chamboulement que Nathan ressentait après la rencontre de ce soir, mais sûrement allait-ce être encore pire par la suite, lorsqu’il remarquerait que beaucoup de « ses nouvelles habitudes » ne seraient pas au goût de la jeune femme. Actuellement, tout était un peu flou dans sa tête. Flou, et absurde. Eh oh ! Où étaient les prises de secours pour se rattraper ?

- Ca, ce n’est pas vraiment de la déception…, répliqua-t-il en un souffle.

Nathan ne voulait pas se montrer désagréable, ou faire comprendre autre chose… Mais peut-être Alicia le comprendrait-il d’elle-même ? Il devinait qu’elle devait avoir le même sentiment que lui, à moins d’avoir tourné pour de bon la page qui le concernait. Lui-même n’avait jamais réussi, quoique, il l’avouait, il avait depuis été amoureux d’une autre personne. Oublier leur histoire était impossible. Elle était certes, son premier amour, mais aussi la seule amie qu’il avait depuis toujours.

Lorsqu’il avait saisi la main d’Alicia et qu’elle ne s’était pas libérée de cette emprise, la franchise de son sourire était bel et bien là alors. Nathan avait eu peur qu’elle ne se lève pas, après l’avoir vu se figer à ce geste… Ce qui expliquait le soulagement qu’il avait ressenti après qu’elle ait accepté.
Entraînant la jeune femme avec lui, il prit la direction de la sortie de ce parc lugubre… « On ne doit pas être loin d’ici », pensa-t-il en réfléchissant à la distance qui les séparait de l’endroit qu’il voulait lui montrer.
L’étudiant ne lâcha pas tout de suite la main d’Alicia. Ce fut seulement au bout de quelques minutes qu’il remarqua que ce n’était pas la meilleure chose à faire qu’il desserra ses doigts, laissant glisser la main d’Alicia sur la sienne avant de revenir vers sa propriétaire. Cependant, il rétrécit la légère distance qu’ils avaient entre eux, afin de marcher côte à côté.

Nathan ne prit pas la direction du centre-ville mais tourna vers un chemin étrangement peu bétonné pour le coin. Ils rentraient dans la zone qu’il préférait de la ville. Celle qui s’éloignait d’ailleurs de cette image de « ville ».
Petit à petit, les bâtiments disparaissaient ainsi que les lampadaires. De cet endroit et en pleine nuit, l’horizon était presque uniformément noire. Il fallait encore qu’ils s’approchent.

- Tu ne devines pas où je t’emmène ?

Ils pouvaient sentir craquer sous leurs chaussures les premiers grains de sable…

La jeune femme resta quelque peu, et étrangement, figée sur place au moment où Nathan lui répliqua que ce n'était pas vraiment de la déception qu'il ressentait en ce moment. Pourtant, son ton ne trahissait certainement pas de la joie! Et le pire dans ton ça, c'est qu'elle le comprenait parfaitement. Elle débarquait dans sa vie comme ça, sans le moindre avertissement. Bien entendue, elle ne l'avait pas fait exprès. Elle s'était rendue là pour changer d'air et c'était par un heureux hasard qu'elle l'avait ainsi retrouvé. Quoi que Nathan en pense, d'une certaine façon elle ne pouvait s'empêcher d'être folle de joie à l'idée de le retrouver. Elle se sentait curieusement beaucoup moins seule ainsi et cette idée la rassurait grandement.


C'était dur à dire, mais un tel détachement dans la voix de son ancien petit-ami lui brisait en quelque sorte le coeur. Ils ne s'étaient pas revu depuis si longtemps maintenant! Elle s'était fait tout un scénario de leurs retrouvailles et ça au moment même où elle était monté dans l'autobus la conduisant dans son nouvel emplacement de vie. Elle s'était dit qu'elle lui sauterait au cou et qu'elle l'embrasserait comme jamais elle ne l'avait embrassé auparavant. Mais ce n'était pas ce qui s'était passé. En fait, le malaise était tel qu'elle osait à peine le frôler.

Mais quelques instants plus tard, le malaise s'envola pour laisser place à de l'intrigue. En effet, Nathan lui avait attrapé la main, lui disant vouloir lui montrer quelque chose. La jeune femme avait accepté de le suivre, un sourire intrigué aux lèvres. Ils étaient tout deux sortirent du cimetière puis s'était dirigé vers un coin différent du reste de la ville. L'endroit semblait calme et doux et on entendait un léger bruit au loin. Mister Easton lui demanda alors si elle avait une idée de où il l'entraînait. Alicia ne pu réprimer un sourire en coin.


Elle sourit à nouveau, poursuivant son chemin aux côtés de Nathan puis soudain, ils finirent par se retrouver sur du sable et un peu plus loin, Alicia posa le regard sur une marrée d'eau. À cet instant, un grand sourire fendit son visage.




Elle sourit grandement à nouveau avant de se retourner vers Nathan. Cet endroit lui rappelait des souvenirs. Mais l'un en particulier lui revint en mémoire : la veille de son départ, ils avaient tout deux été passer la nuit sur la plage. Après que Nathan se fut endormi, la jeune femme avait prit la caméra du jeune homme dans son sac et l'avait filmé ainsi, dormant calmement, pendant plus d'une heure. Le lendemain, elle lui avait remit une boîte à souvenir dans laquelle se trouvait ce petit enregistrement. Aucun doute : il voulait lui rappeler ce jour-là, à l'époque où ils croyaient que leur amour durerait pour toujours. Une telle pensée lui fendit quelque peu le coeur mais elle ne laissa rien paraître, souriant toujours. Reportant son regard vers l'océan qui frappait doucement sur le sable, elle dit :

Tout paraissait un peu étranger à Nathan. En réalité, c’était surtout l’étudiant qui était étranger à lui-même. Cette situation qui n’était pourtant pas nouvelle, lui donnait l’impression de marcher dans le noir sans aucun repère pour lui indiquer le chemin. Alicia en était la cause. Avant, Nathan était aussi perdu face à elle parce qu’elle…. L’éblouissait en quelque sorte, et leur relation était vraiment passionnelle. Aujourd’hui, Nathan était surtout intrigué par cette attirance qu’elle lui inspirait. C’était vraiment déroutant.

Peut-être était-ce donc pour ça qu’il avait eu l’idée de l’emmener faire un tour à la plage, qu’il savait proche. Nathan espérait que cela leur permettrait de se débloquer un peu malgré que ce soit en vérité, un geste plutôt maladroit. Lui-même savait que cela risquait de le faire souffrir de se retrouver à ses côtés devant ce paysage-là mais pourtant, il fut heureux qu’elle ne refuse pas de l’accompagner. Lorsqu’ils avançaient, il était presque excité de dévoiler son idée à Alicia.
L’étudiant sentit, sans l’avoir voulu, ses lèvres se relever en un sourire lorsque son accompagnatrice disait ne pas savoir où il l’emmenait. Au fond de lui, il était déjà sûr qu’elle ne tarderait plus à deviner. Les premiers craquements de sable sous leurs pieds étaient un premier indice, le bruit de la ville caché par celui que seule l’eau pouvait faire était le second. D’ailleurs, il ne leur suffit que de quelques pas de plus pour voir la marée.

- Bien joué, plaisanta-t-il pour taquiner la jeune femme.

Petite inspiration… Et Nathan l’entraîna un peu plus en plaçant de nouveau un bras autour de ses épaules. C’était pour ça qu’il avait besoin de l’inspiration… Pour se donner le courage qui était parti sans crier gare lorsque sa nouvelle rencontre s’était révélée être son ancienne petite amie.
Sa certaine euphorie n’était pas partie du visage de Nathan. Une fois au bord de l’eau, les pieds presque dans l’écume que les vagues faisaient contre le sol, ils commencèrent à longer ainsi la plage. En fait, elle rappelait juste à l'étudiant ce jour si mémorable pour les deux jeunes gens, mais n’était en rien le même endroit. La côte Ouest et Est de l’Amérique n’étaient pas tout à fait pareilles… Cependant, le jeune homme essaya de chasser cette idée de la tête et lâcha soudainement Alicia pour aller s’asseoir.

Au fur et à mesure que le temps avait coulé, il avait senti sa joie s’évaporer. En réalité, la mélancolie avait même commencé à ronger sa bonne humeur momentanée pour lui faire rouvrir les yeux. Pire qu’une fille, Nathan changeait décidément d’humeur plus rapidement que de chemise. Après un long moment de silence, il releva la tête vers Alicia et finit par reconnaître avec un sourire gêné :

- Oui bon… J’aurai peut-être pu avoir une meilleure idée.